Il s’agit ici des projections réalisées par l’INSEE à l’aide du modèle OMPHALE sur la base du scénario dit central d’évolution :
- maintien de la fécondité régionale à son niveau de 2005,
- baisse de la mortalité au même rythme que la tendance métropolitaine, soit le rythme observé au cours des 30 dernières années,
- maintien des comportements migratoires moyens observés sur la période 1990 - 2005
Par ailleurs, la faiblesse de la densité de population sur le Pays de Verdun - 31 habitants au km2 - est un handicap pour faire face aux besoins d’aménagement et d’entretien des importants espaces ruraux par manque de ressources fiscales. Le territoire abrite de larges espaces aux densités voisines de 10 habitants au km2. La population du Pays de Verdun ne représente que 3,4 % de la population lorraine alors que la superficie du territoire représente près de 11 % de l’espace lorrain. Enfin, il faut noter une taille moyenne de communes (intégrant les villages détruits), de 357 habitants, peu élevée (Meuse 386, Lorraine 989) avec 70 % des communes qui ont moins de 200 habitants. Les unités urbaines sont peu peuplées : 18 291 habitants à Verdun, 3 850 à Etain, 3 215 à Belleville-sur-Meuse, 3 041 à Thierville-sur-Meuse, 2 755 à Stenay et 2 367 à Montmédy.
On remarque aussi une densité de population plus importante sur la partie Est que sur la partie Ouest.
Vieillissement de la population
Cette évolution s’accompagne d’un vieillissement significatif de la population, les personnes âgées de plus de 65 ans représentant, au recensement de 2010, 17,6 % de la population. On remarque notamment une importante évolution des personnes âgées de 75 ans et plus entre 1999 et 2010 où cette tranche d’âge gagne près de 3 points. Ce vieillissement est aussi très marqué géographiquement où la frange Ouest du territoire se démarque d’un secteur Est plus jeune.
Sur l’ensemble du territoire, l’indicateur de jeunesse est de 103 ce qui prouve toutefois une répartition équilibrée entre les jeunes et les personnes âgées.
On note également une hausse importante sur la tranche d’âge des 45 - 59 ans ainsi qu’une diminution significative (-1,2 %) chez les 0 – 14 ans.
Pour poursuivre leurs études, les jeunes sont généralement contraints à quitter le département. Il en est de même pour trouver un emploi. De fait ils ne reviennent pas forcément sur le territoire.

Une des conséquences induite par le vieillissement de la population est une certaine inadaptation des conditions de logement pour les personnes du troisième âge ainsi que des difficultés concernant la mobilité pour l’accès aux services.
212 – APPROCHE ECONOMIQUE
Le tissu productif est clairsemé géographiquement. Près de 94 % des établissements comptent moins de 10 salariés, proportion identique à la Lorraine. La Meuse du Nord ne compte que 59 établissements de plus de 50 salariés employant quelques 7 881 salariés.
Le nord meusien représente 39,3% des établissements employeurs du département (champ Urssaf) et 40,6% des établissements.
On note toutefois l’installation prévue en 2016 d’une usine de fabrication d’ampoules LED du groupe chinois Shenan sur la zone des Souhesmes et qui devrait générer près de 200 emplois.
On note un taux de création d’entreprises plutôt important à partir de 2009, principalement en raison de l’application du régime de l’auto-entrepreneur à partir du 1er janvier 2009, mais celles-ci sont peu génératrice d’emplois.
2121 – L'INDUSTRIE, BTP ET ARTISANAT
Au 18ème siècle la Meuse est le premier département industriel lorrain. Un certain conservatisme rural lui a fait manquer la révolution industrielle de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle, cela renforcé par sa situation militaire stratégique.
Aujourd’hui, le secteur industriel suit la même tendance d’évolution que pour l’ensemble du territoire national. L’emploi industriel se dégrade, il représente 13,2 % des emplois en 2010 contre 16,4 % en 1999. Ces chiffres ne prennent pas en compte les effets de la crise économique qui ne sont pas encore réellement quantifiables sur le territoire mais dont la tendance au ralentissement est nette. La dynamique qui peut se créer autour de l’implantation de Shenan pourrait inverser cette tendance dans les années à venir.
Le poids de l’agriculture favorise le développement d’entreprises industrielles en lien avec ce secteur. Il s’agit notamment de l’industrie de transformation laitière, avec plusieurs fromageries et Lacto Serum France qui retraite le petit lait, mais aussi du transport de lait, de l’abattoir et de l’équarrissage. D’autres activités industrielles existent comme Ineos ou la fabrication de matériel agricole. De nouveaux projet, comme la méthanisation, peuvent émerger dans les années à venir.
L’industrie est composée également d’un ensemble de PME réparti sur le territoire du Pays qui permet de maintenir des emplois localement. Il s’agit notamment des activités de mécanique, métallurgie ou de recyclage. On peut notamment citer Realmeca à Clermont-en-Argonne, CIL Lambert à Damvillers, Cordm à Verdun. On trouve également des entreprises de chimie à Etain, du papier à Stenay, etc.
Le BTP est un autre élément fort du territoire : la présence par exemple de Berthold, Eurovia et Colas Est (anciennement Monti SA) dans le domaine des travaux publics véhiculent un important savoir-faire dans ces domaines.
De même le tissu de TPE/PME est important mais reste fragile. Les artisans se concentrent sur leur activité sans forcément se donner les moyens de développer leur activité. Les nouveaux outils numériques n’ont par exemple pas encore été appropriés pleinement au quotidien. Une dynamisation de cette filière pourrait être génératrice d’emplois.
2122 – LE SECTEUR TERTIAIRE
D’une manière générale le secteur tertiaire a connu une progression importante en termes d’emplois sur la dernière décennie. Il occupe 72,5 % des salariés et est largement dominé par les emplois publics et parapublics.
Le secteur du commerce de détail est stable, après une forte désertification rurale du commerce et une tendance lourde à la concentration dans les pôles urbains. A Verdun notamment, la création des zones commerciales a permis l’implantation des grandes enseignes nationales. Ce modèle économique reste d’actualité même si certaines zones des autres bourgs-centres du territoire peinent à se remplir.
Les trois secteurs d’activités occupant le plus de salariés, santé – action sociale, administration publique et éducation emploient plus de 40% des salariés du territoire. Un travail important de maillage des services à la population a été réalisé ces dernières années et le territoire est bien équilibré dans ce domaine. Dans les années à venir, le territoire va devoir composer avec les différentes réformes institutionnelles qui auront un impact sur ces secteurs d’activités.
Le territoire peut également se prévaloir d’un dynamisme associatif important notamment les domaines liés au développement du lien social. Ces structures sont à la base de la création de nombreux emplois. L’évolution de la démographie évaluée précédemment nécessitera un travail renforcé sur les services à la personne.
La filière touristique reste très active avec notamment un gros travail d’animation réalisé dans le cadre de la précédente charte. Le flash que représente le Centenaire des évènements de la Première Guerre Mondiale va permettre de soutenir cette filière pour les années à venir. Cela ne doit cependant pas se limiter à cette période et il est important de poursuivre la structuration et la professionnalisation des acteurs afin de se projeter dès à présent sur l’après Centenaire.
On remarque une problématique importante autour de la capacité d’accueil et de la transmission des affaires familiales dans les domaines de l’hôtellerie et de la restauration. Sur l’ensemble du Pays de Verdun, on dénombre, au 1er janvier 2013, 28 hôtels pour 619 chambres. On note un déficit en hébergement haut de gamme pour une clientèle, notamment étrangère, en recherche croissante de ce type de prestation. Sur Verdun, un hôtel 4* va ouvrir ses portes en avril 2016. Les difficultés dans la reprise de ces activités sont notoires y compris dans les établissements haut de gamme comme l’hôtel 3* à Futeau qui cherche depuis de nombreux mois un successeur. A Clermont-en-Argonne, l’activité hôtelière a totalement cessé faute de repreneur. Plusieurs causes peuvent expliquer ce déclin. Tout d’abord, l’attractivité touristique ne permet pas de rentabiliser l’ensemble des capacités hôtelières. Ensuite, on peut signaler un déficit d’investissements récurrents dans certains établissements qui ne sont finalement plus attractifs à la reprise. Enfin, certains établissements particuliers offre un produit atypique, difficile à céder.
2123 – L'AGRICULTURE ET LA FORET
L’agriculture et la forêt se caractérisent par une production très performante mais qui reste cependant peu valorisée localement, en dehors de la transformation laitière. L’abattoir de Verdun participe aussi à l’activité de première transformation.
Associant élevage (lait et viande bovine), cultures céréalières et colza, la surface moyenne par exploitation est de 109 ha (RGA 2010) contre 93 ha en 2000. Dans le même temps, on relève une surface toujours en herbe encore en diminution (-7,5 %) même si cette tendance se réduit quelque peu.
En terme d’emplois, le secteur ralentit avec 7,2 % de la population active, contre 10 % en 1999, et seulement 2,1% des postes salariés.
Le nord meusien est caractérisé par une bonne dynamique de la production et de la transformation laitière. Toutefois, les organisations agricoles sont mobilisées pour assurer et organiser la pérennité de cette production à l’heure de la fin des quotas et dans un contexte de forte restructuration de la production. Le maintien des systèmes d’exploitation qui reposent sur la polyculture élevage avec coexistence de la production animale et d’un atelier de grandes cultures plus ou moins développé représentent un enjeu pour la filière.
En effet, les besoins de main d’œuvre liés aux astreintes spécifiques de l’élevage sont importants. L’installation des jeunes agriculteurs n’est pas suffisante pour couvrir ces besoins. La mise en commun de moyens et un recours accru à la main salariée sont nécessaires mais le milieu agricole connaît des difficultés de recrutement de salariés agricoles depuis plusieurs années. Les problématiques sont connues ; la Chambre d’Agriculture travaille actuellement dans ce sens.
La forêt génère une production de bois - feuillus comme résineux - importante. Les essences que l’on retrouve le plus souvent sont d’une part des feuillus, le hêtre, le chêne, le charme, et d’autre part des résineux, l’épicéa, le sapin … Annuellement 320 000 m3 de bois issus du territoire sont mis sur le marché, dont 60 000 m3 destinés à l’affouage, pour un volume d’affaires de l’ordre de 10 millions d’€uros (chiffres 2007).
Cette ressource est cependant peu valorisée sur le territoire avec de grands centres de transformation à ses portes, papeterie Burgo à Harnoncourt (Belgique) et UNILIN à Bazeilles (08), ou par des exportations plus exotiques. Ces entreprises limitrophes emploient un nombre important de résidents meusiens, participant donc indirectement à l'économie du territoire.
Ce constat est symptomatique du territoire : il possède des ressources importantes mais n’a pas été en mesure, pour de multiples raisons, d’attirer les investissements nécessaires à la valorisation de ses ressources.
213 – EMPLOI
2131 – LA SITUATION DE L'EMPLOI
Le Pays de Verdun offre un potentiel de 28 466 emplois pour 32 074 actifs occupés soit un déficit de 3 608 emplois, nombre en constante augmentation.
Deux explications à ce déficit :
- une augmentation constante du nombre de travailleurs frontaliers (2 870, chiffre qui a presque doublé en l’espace de 10 ans : 1 474 en 1999) avec une double conséquence, une attractivité financière intéressante pour les résidents du nord meusien mais une accentuation des difficultés de recrutement des entreprises locales qui voient partir cette main d'œuvre souvent qualifiée.
- des échanges globalement déficitaires avec les zones voisines.
Le déficit d’emploi reste toutefois modéré puisqu’il correspond à environ 10 % du nombre d’actif. Par ailleurs, près de deux tiers des actifs ne travaillent pas dans leur commune de résidence. Tous ces éléments posent de fait la problématique de la mobilité pour les déplacements domicile - travail.

La répartition sectorielle des emplois est liée à la ruralité de la zone avec :
- un poids encore élevé de l’agriculture et de la forêt, bien que déclinant : 7,2 % des emplois offerts sur la zone contre 2,2 % au niveau Régional
- un poids de l’industrie faible : l’industrie n’offre que 13,2 % des emplois de la zone contre 16,4 % pour l’ensemble de la Lorraine.
- une domination de l’agro-alimentaire : on peut citer notamment les fromageries H.HUTIN à Dieue-sur-Meuse et Bel à Clery-le-Petit, Lacto Sérum France et Berni à Verdun.
Le secteur de la construction connaît une croissance exponentielle et continue depuis près de 20 ans. Ce secteur emploie 2 045 personnes en 2010 contre 1 642 en 1999 et 1 388 en 1990. Cette situation est toutefois à moduler ces dernières années avec par exemple un ralentissement notable des demandes de permis de construire en raison de la crise économique.
Le secteur tertiaire est lui aussi toujours en progression. Il reste le plus gros pourvoyeur d’emplois du territoire avec plus de 70 % des emplois répartis avec 20 832 personnes. Les plus gros employeurs du tertiaire sont le Centre Hospitalier de Verdun pour le secteur public et Maximo pour le secteur privé. Malgré des diminutions d’effectifs importantes, la Défense Nationale est toujours présente avec les unités composant la base de Défense de Verdun, qui représentent au total environ 2 500 militaires et civils, avec en particulier deux régiments des forces à Thierville-sur-Meuse et Etain.
Au sein du tertiaire, on observe une sur-représentation des services non marchands de l'administration publique au détriment des autres types de services (services aux entreprises notamment). Ce secteur contribue fortement au maintien de l’emploi salarié de la zone et constitue un amortisseur appréciable, bien qu’insuffisant, lors des périodes de conjoncture économique défavorable.
Sur la période 1999 - 2010, le Pays de Verdun a connu une évolution favorable de l'emploi de près de 10,7 % alors que dans le même temps la Lorraine connaissait une baisse de 1,5 %. Cette période favorable est signe d’une nouvelle dynamique pour notre territoire mais la situation reste fragile notamment avec les effets de la crise encore peu quantifiables et un clivage Est / Ouest toujours très marqué.
2132 – LE CHOMAGE
Sur le bassin d’emploi Meuse du Nord, intégrant la Communauté de Communes du canton de Fresnes-en-Woëvre et la commune de Bouligny, les chiffres font état d’une croissance régulière du nombre de demandeurs d’emplois (catégorie ABC) depuis septembre 2008, passant de moins de 4 000 chômeurs en 2008 à plus de 6 300 en mars 2015. Cela vient bien confirmer la fragilité du marché du travail évoqué précédemment malgré une conjoncture favorable au début des années 2000.
Sur les dernières années, on note une augmentation moins forte sur le nord meusien comparativement à l’ensemble du département et à la Lorraine.

Dans le détail, on note un chômage plutôt équilibré entre hommes (51,4 %) et femmes (48,6 %), semblable aux chiffres départementaux et régionaux.
Concernant les catégories d’âge, le chômage des jeunes reste important comparativement à la Lorraine (18,2 %) mais il est en diminution sur les deux dernières années. A l’opposé, le chômage des 50 ans et plus est moins important qu’au niveau régional mais il a tendance à augmenter.
Le niveau de qualification et de formation des demandeurs d'emploi reste préoccupant. En effet, plus de 67 % des demandeurs d’emploi présentent un diplôme de niveau V (BEP, CAP) ou inférieur contre 62 % au niveau régional. Cela pose un vrai problème d’insertion, notamment des jeunes, au regard du marché de l’emploi. On constate notamment des différences significatives du chômage de longue durée en fonction du niveau de qualification.

D’une manière générale, la part des demandeurs d’emploi
inscrits depuis plus d’un an s’élève à 45 % et à 24,7 % pour les
demandeurs d’emploi inscrits depuis plus de deux ans.
On remarque que localement, les cadres et techniciens
restent moins longtemps au chômage, on peut analyser de fait un besoin des
entreprises sur ces postes clés.
Dans le même ordre idée, on remarque que les métiers les
plus recherchés sont ceux présentant un niveau de qualification peu élevé. Ces
métiers sont toutefois ceux qui sont globalement proposés en majorité par les
employeurs.
Sur ces offres d’emplois, on note que le domaine des
services à la personne est le plus plébiscité par les employeurs mais également
par les demandeurs. Ce domaine est suivi par les métiers du tourisme et du
commerce. Les offres les moins déposées sont celles concernant l’industrie. Ce
panel d’offres est le reflet de la dominante tertiaire de l’activité du
territoire.
En complément, on note que ces offres concernent
principalement des emplois non durables, signe de la fragilité de l’économie
locale.
Dans de nombreux domaines d’activité, on constate que les
demandes d’emploi sont nettement supérieures au nombre d’offres déposées. Sur
les 20 métiers les plus recherchés, seul un propose plus d’offres que de
demandes à savoir « Maintenance des bâtiments et des locaux ». Par
exemple, les domaines de la logistique et des travaux publics sont très
sollicités mais la filière est en difficulté dans le département.
A l’inverse, de nombreuses offres sont déposées sur des
métiers peu sollicités et particulièrement dans la restauration ou
l’accompagnement des jeunes (animation de loisirs et éducation, surveillance
dans les établissements d’enseignement).
De plus, les entreprises et les collectivités signalent
toutes des difficultés de recrutement sur les postes de cadre.
2133 – UNE INADEQUATION ENTRE EMPLOI ET FORMATION
Comme évoqué précédemment, sur des niveaux de formation post-bac, on constate un décalage évident entre l’emploi proposé sur le territoire et les formations possibles sur place ce qui impacte la qualification des publics.
Cela se traduit par des difficultés d’accès au travail, notamment pour les jeunes et pour les personnes en recherche d’insertion (22,6% des demandeurs d’emplois sont bénéficiaires du RSA sur le bassin d’emploi contre 20,4% en Lorraine).
Le territoire propose des formations de niveau Bac + 2, essentiellement des Brevets de Techniciens Supérieurs, ainsi qu’un Institut de Formation en Soins Infirmiers. A Verdun, une tentative de mise en place d’une licence de management et d’un DUT axé sur les nouvelles technologies de l’information, en partenariat avec l’Université de Nancy, a été réalisée il y a quelques années mais ces formations ont été rapidement abandonnée. L’Université de Lorraine ne propose dès lors plus aucune formation sur le nord meusien. Les jeunes s’engageant dans un cursus universitaire poursuivent donc leurs études dans les métropoles lorraines, essentiellement à Nancy, alors que les formations BAC + 2 du territoire retiennent 40% des jeunes issus du territoire.
Les formations post-bac disponibles sur le territoire sont attractives pour des jeunes venus de l’extérieur mais restent quantitativement insuffisantes pour conserver la jeunesse du territoire.
Les étudiants suivent donc, pour la plupart, leur cursus supérieur en dehors du territoire et ne reviennent pas « au Pays », une fois leur diplôme obtenu, faute d’offres sur les postes d’encadrement. Une caractéristique forte du territoire est la mobilité de ces jeunes diplômés qui quittent le territoire alors qu’au contraire les moins diplômés y restent. Liée à l’offre d’emplois du territoire, cette perte de ressources est importante et souvent irréversible.
Dans le même temps, les entreprises déclarent toutes leurs difficultés à recruter dans les postes d’encadrement. Elles mettent en avant les difficultés pour le territoire de satisfaire globalement les besoins des conjoints de cadres, souvent actifs, et ceux de leurs enfants en matière d’accès aux services culturels et de loisirs.
214 – DYNAMIQUE LOCALE
A l’image de l’ensemble des territoires ruraux français, le Pays de Verdun a été délaissé d’une large partie de ses services publics et même plus précisément des services au public.
La rationalisation financière amène les différentes structures à ajuster leur présence sur les territoires et nombre de structures, dans tous les secteurs, ont fermé leur porte ou ont reconcentré leur activité comme la Banque de France, les télécommunications, la Poste, les douanes, EDF-GDF, et les services de l’Etat.
Face à cette conjoncture, les acteurs locaux et particulièrement les collectivités territoriales ont du s’adapter pour trouver de nouvelles formes de solidarité afin de maintenir un service de proximité. Durant les dix dernières années, de nombreuses initiatives ont permis d’apporter les services de première nécessité comme l’accès à la santé via les maisons de santé pluridisciplinaires ou à la garderie de jeunes enfants avec la mise en place des relais d’assistantes maternelles (RAM), de crèches ou le renforcement des activités périscolaires.
Cette activité a permis de renforcer le maillage territorial des bourgs centres constituants pour certains de véritables pôles d’équilibre au sein de ce vaste territoire. Cette dynamique a aussi permis le renforcement des commerces de proximité comme les pharmacies ou les boulangeries.
La vie du territoire s’appuie également sur un important tissu associatif. Cette dynamique offre une multitude d’activité aux habitants dans les sports, les loisirs et la culture. Cela est possible grâce à une forte implication bénévole au sein des associations mais de nombreuses associations restent souvent dépendantes du soutien des collectivités locales. La mise en réseau, particulièrement dans le domaine culturel, permet toutefois de maintenir une offre de proximité aux habitants et de rendre attractif les territoires les plus ruraux.
215 – MOBILITE
Le Pays de Verdun est un territoire isolé, marqué par des infrastructures de transports inadaptées à une circulation rapide des personnes vers les pôles d’activité. Cela contraste avec la centralité géographique du territoire qui se trouve au cœur d’un important bassin de population.
D’une manière générale, dans les territoires ruraux, il est compliqué d’offrir aux habitants des solutions de mobilité autres que la voiture individuelle. 83,9 % des ménages disposent d’au moins une voiture. On peut facilement quantifier que près de 90% des déplacements quotidiens se font ainsi en raison de la distance à parcourir (22,5 km en moyenne en Lorraine pour les déplacements domicile - travail), de la souplesse horaire, de transports collectifs rares, … Cette habitude de déplacement, profondément ancrée dans les mentalités, est difficile à faire évoluer. Une étude nationale récente (Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain, Réseau Action Climat & Fondation Nicolas Hulot, Mars 2014) démontre que « la part budgétaire dédiée aux carburants des ménages ruraux les plus pauvres est 4 fois supérieure à celle des ménages urbains les plus riches ». Concrètement, en Meuse, les dépenses de carburant pour les déplacements du quotidien s’élèvent à 910 € par an en moyenne par ménage.
Par ailleurs, on constate que sur le territoire la part des transports dans l’émission de gaz à effet de serre s’élève à 39% (Source ADEME - 2005), ce qui est évidemment le secteur d’activité représentant la plus forte proportion. La nécessité de travailler sur la mobilité engage une prise de conscience collective sur l’impact de la voiture individuelle sur notre environnement et sur le budget des ménages.
La problématique de la mobilité impacte également les populations fragiles, personnes âgées ou jeunes en insertion, pour lesquelles cela représente un handicap supplémentaire pour leurs activités quotidiennes : l’accès à l’emploi, aux loisirs et à la santé notamment.
Les réformes territoriales en cours viendront modifier le paysage des autorités organisatrices de transport. Pour la Communauté d’Agglomération du Grand Verdun, le transport urbain est une compétence obligatoire. Une étude globale doit permettre de diffuser ce service à l’ensemble du nouveau périmètre d’action de l’agglomération. Sur le reste du territoire, des solutions de mobilité existent déjà, comme par exemple le service de transport à la demande proposé par le Conseil Départemental, et il convient de les conforter mais de nouvelles solutions alternatives sont aussi à imaginer pour susciter de nouvelles habitudes.
216 – APPROCHE PATRIMONIALE
Le Pays de Verdun est un territoire rural marqué par des indicateurs caractéristiques des zones à faible densité de population et avec une dynamique démographique nulle. On note toutefois des tendances opposées entre l’Est et l’Ouest du territoire mais la problématique de l’habitat reste la même partout, y compris dans les cœurs urbains et notamment à Verdun et Stenay.
Le Pays de Verdun compte, en 2010, 39 240 logements soit une hausse de plus de 10 % par rapport à 1999. 85 % d’entre eux constituent la résidence principale, ce qui représente une proportion plutôt stable sur la période.
Dans le même temps, les résidences secondaires ont diminué de plus de 11 %. Les ressortissants belges, hollandais et luxembourgeois, de plus en plus nombreux sur le nord du territoire, acquièrent désormais des logements à titre de résidence principale et non plus secondaire comme ce fut le cas auparavant.
Les logements vacants ont augmenté de manière extrêmement importante (+31,6 %). Le taux global est donc très élevé (9,4 %).
Ce diagnostic fait état de chiffres éloquents sur le nombre de logements vacants, malgré un nombre de logements en augmentation, en raison de la dynamique sur la frange Est. Cet abandon est nettement accentué à l’Ouest. La tendance de construction de logements neufs s’est toutefois singulièrement ralentie ces dernières années avec les effets de la crise. Dans les centres-bourg, il est important de sauvegarder le patrimoine urbain dont les logements sont délaissés.
Le taux d’occupation des résidences principales par des propriétaires occupants est supérieur à 64 %. 33 % sont des locataires du parc public et privé. Ces chiffres sont en légère augmentation.

Près de deux tiers des ménages sont propriétaires de leur résidence principale et près de trois quarts des logements ont été construits avant 1975. Globalement, le parc de logements sur le Pays de Verdun est plus ancien qu’en Lorraine. Aussi, 74,6 % des logements sont des maisons individuelles qui comptent en moyenne 5,1 pièces. Les appartements disposent en moyenne de 3,1 pièces. Seulement 9,3 % des résidences principales constituent de petits logements avec 1 ou 2 pièces.
Ces caractéristiques ne correspondent pas aux besoins actuels de la population, notamment au regard du desserrement des familles, de leur paupérisation ainsi que du vieillissement de la population.
Au regard de la vie économique du territoire, on comprend également que ces logements sont souvent vétustes et difficiles à entretenir pour leurs propriétaires. Au-delà de l’aspect patrimonial, il se dégage un véritable enjeu sur l’amélioration des performances énergétiques des maisons individuelles. 20% des émissions de gaz à effet de serre sont dues au résidentiel ce qui représente le second poste de pollution atmosphérique après les transports. Un travail sur les logements des populations âgées peut aussi être bénéfique pour le maintien à domicile de ces personnes. La modernisation à la fois pratique et technologique doit permettre de leur faciliter le quotidien.
Pour faire face à ces difficultés, plusieurs collectivités se sont lancées dans une opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH), renforcée par l’opération de renouvellement urbain sur Verdun. Toutefois, ce sont des initiatives isolées qui manquent de coordination. Le Plan Départemental de l’Habitat (PDH) doit toutefois être prochainement arrêté. Par ailleurs, les acteurs et les aides existants dans ce domaine sont nombreux, il est parfois compliqué pour les maîtres d’ouvrage privé de connaître l’ensemble de leurs possibilités lors de leurs projets immobiliers.
Par ailleurs, le territoire dispose également d’ensembles architecturaux de grande valeur patrimoniale dans des villages remarquables comme Marville par exemple. Aussi, le patrimoine classé apporte un certain nombre de contraintes sur les secteurs environnants. Cette richesse patrimoniale peut parfois représenter un frein à la rénovation de certains bâtiments en cœur de village notamment qui tombent rapidement en désuétude.
L’ensemble de ces statistiques défavorables se retranscrit également sur les revenus et les bases fiscales. En 2010, le revenu net déclaré moyen s’élève à 19 493 €. L’impôt moyen s’élève à 652 € mais seuls 45,5 % des foyers fiscaux sont imposables sur le revenu.
La faiblesse démographique se répercute ainsi sur les revenus fiscaux qui entraînent une limitation des ressources financières pour les collectivités locales, également pénalisées par la diminution des dotations globales de fonctionnement versées par l’Etat.
22 – ANALYSE AFOM
ATOUTS
|
FAIBLESSES
|
• Position
géographique proche de grands bassins de population avec une bonne desserte
de voies de transport (TGV, A4)
• Proximité
de pôles d’emplois extérieurs (Belgique, Luxembourg…)
|
• Faible
organisation supracommunale ce qui empêche la mise en commun de moyens
• Faible
mobilité de la population (géographique et culturelle)
• Liaisons
de transport en interne au territoire insuffisantes et inadaptées
|
• Dynamique
démographique liée à l’implantation de nouveaux ménages le long de la frange
Est du département et dans l’aire de Verdun
|
• Disparité
démographique entre l’Est et l’Ouest du territoire
• Faible
densité de population qui limite les investissements publics et la
rentabilité des transports collectifs par exemple
• Faible
niveau de revenus
|
• Réseau
d’initiative publique du CG55 et infrastructures qui permettent la desserte
de zones d’activités en Internet à très haut débit et la desserte en haut
débit des territoires dépourvus d’offres d’opérateurs privés(via des
technologies hertziennes), sur lequel pourront s’appuyer des déploiements
ultérieurs afin de généraliser l’accès au Haut Débit de Qualité – dans la
perspective de l’accès au Très Haut Débit pour tous
• Couverture
THD par l’initiative privée (AMII) sur Verdun
|
• Faible
disponibilité des services Haut Débit de qualité en ADSL (55) ;
• Faible
couvertures des services THD professionnels (FttO) dans la Meuse ;
• Part
importante de réseaux HD enfouis en pleine terre, nécessitant de travaux de
génie civil (par opportunité) pour le déploiement de la fibre optique
|
• Secteur
tertiaire important, notamment dans le domaine non marchand
• Activité
commerciale dense principalement centrée sur Verdun
|
• Secteur
secondaire plutôt déficitaire
|
• Tissu
économique presque exclusivement composé de TPE (moins sensibles aux
délocalisations / centre de décision local) notamment dans l’artisanat
|
• Taux
de créations d’entreprise inférieur au taux lorrain
• Petites
entreprises peu génératrices d’emplois
• Peu
de lieux d’hébergement pour les créateurs d’entreprises
|
• Bonne
adéquation entre demande et offre d’emploi
• Champ
de l’insertion, et de l’Insertion par l’Activité Economique en particulier,
important, bon maillage
|
• Offre
de formations supérieure et continue déficitaire ce qui accentue l’isolement
des jeunes et des demandeurs d’emploi
• Niveau
de qualification des actifs très bas, et notamment des demandeurs d’emploi
• Précarisation
des demandeurs d’emploi
• Faible
nombre d’organismes de formation supérieure
• Bassin
de population distant des établissements universitaires
|
• Production
agricole performante et industrie agroalimentaire bien développée
• Richesses
naturelles (forêts, eau, zones écologiques, biodiversité …) et paysagères
|
• Insuffisante
valorisation du potentiel lié à la forêt et aux productions locales d’une
manière générale
• Contraintes
importantes liées aux zones naturelles et zones classées
|
• Forte
dynamique associative
• Existence
d’un réseau culturel très structurant sur Verdun et le nord Meusien
• Tourisme
de mémoire et notoriété internationale de Verdun, spécialement en cette
période de Centenaire
• Dynamique
transfrontalière par La Lorraine Gaumaise, le Pôle Musical Transfrontalier et
les Chemins de Mémoire
|
• Déficit
d’attractivité résidentielle du territoire
• Manque
d’infrastructures culturelles équipées et de compétences techniques
• Communication
touristique essentiellement centrée sur 14-18 - manque de diversité
|
• Caractéristiques
patrimoniales très riches et variées (militaire, religieux, industriel,
Renaissance, Argonnais ...)
• Pôle
Patrimoine et Habitat à Montmédy
• Offre
d’habitat accessible, possibilités de valorisation du bâti ancien
|
• Parc
de logements anciens, parfois vétustes, inadaptés à la demande actuelle
• Absence
de coordination des conseils aux particuliers et notamment d’un Espace
Information Energie
|
• Densités
médicales des médecins généralistes salariés et para-médicales supérieures ou
quasi égales à celles de la région
• Maillage
territorial en maisons de santé pluridisciplinaires et services à l’enfance
|
• Accès
à la médecine ambulatoire très difficile
• Temps
d’accès à la médecine d’urgence supérieur à 30 min, notamment dans le Nord et
en Argonne
• Acteurs
Animation Jeunesse et Information Jeunesse insuffisamment organisés et
représentés sur le territoire
|
OPPORTUNITES
|
MENACES
|
• Profiter
de l’emploi frontalier (Belgique – Luxembourg) en constante progression pour
attirer de nouvelles populations
• Réaliser
des économies financières et d’énergie pour les familles et l’environnement
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• Solde
démographique faible avec des écarts qui se creusent entre la partie Est du
territoire (attractivité du sillon lorrain) et la partie Ouest
• Augmentation
des prix du foncier dans le nord du territoire liée au travail
transfrontalier
• Vieillissement
significatif de la population, départ des jeunes,
• Isolement
et paupérisation notamment sur la frange ouest du territoire (Argonne…)
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• Dynamiser
les implantations économiques liées aux Souhesmes (Shenan)
• Reconversion
de la base OTAN de Marville
• S’appuyer
sur l’approche « Filières » concertée permettant de cibler et d’accompagner
le développement économique départemental
• Encourager
la mise en place de formations innovantes et adaptées au contexte pour garder
les jeunes sur le territoire et faciliter l’insertion des demandeurs d’emploi
• Conforter
les filières économiques dynamiques et productives
• S’appuyer
sur les circuits courts pour conforter l’économie locale
• Définir
une politique d’accueil des entreprises à l’échelle du Pays
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• Disparition
des entreprises les plus employeuses
• Risque
d’accentuation de la précarisation des actifs sur les emplois privés
• Faible
qualification, faible mobilité professionnelle, emplois CDD et/ou temps
partiel et n’apparaissant pas dans les métiers liés aux
« opportunités »
• Vieillissement
des chefs d’entreprises : agriculture, artisanat (problématique de reprise
des entreprises et donc de sauvegarde des emplois et de l’activité)
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• Mettre
en œuvre les Contrats de destination phare « Ciels de Lorraine » et « Verdun,
Meuse, terre d’histoire »
• Promouvoir
une nouvelle image de Verdun (ville d’art et d’histoire, AVAP)
• Centenaire
de la Première Guerre Mondiale, candidature au label UNESCO
• Conforter
les réseaux associatifs et culturels par la mise en place d’un outil
technique (parc de matériel, de compétences et de moyens humains mutualisés)
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• Ne
pas tirer bénéfice de l’effet levier représenté par le Centenaire
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• Soutenir
le projet de PNR Argonne
• Profiter
du label Forêt d’Exception valorisant la Forêt Domaniale de Verdun
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• Absence
de valeur ajoutée sur le patrimoine naturel et l’espace rural
• Sacralisation
des espaces ne permettant plus le développement
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• Aider
à la primo-accession dans l’ancien et le nouveau sur la CA de Verdun et
opération OPAH-RU / Différentes OPAH sur le territoire en réflexion
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• Affadissement
du cadre de vie par le délaissement de l’habitat ancien et des cœurs de
villages
• Extensions
urbaines mal maîtrisées
• Absence
de coordination des offres nouvelles de logement
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•
Développer la télémédecine
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• Difficultés
de recrutement médical à corréler aux futurs départs à la retraite
• Difficulté
d’accès rapide à Verdun
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• Profiter
du Schéma Départemental d’Aménagement Numérique du Territoire s’inscrivant en
cohérence avec la Stratégie Régionale d’Aménagement Numérique visant à
articuler les initiatives publiques et privées pour améliorer la couverture
numérique de la Meuse / concertation des EPCI dans le choix des solutions de
couverture à mettre en œuvre
• S’appuyer
sur l’exemple de bonne pratique des usages du numérique (co-working, fablab,
…) à Bras-sur-Meuse
• Moderniser
le territoire et son image
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• Sans
actions coordonnées des acteurs publics, risque d’un creusement de l’écart
avec les autres départements lorrains – couverture
• Rater
le virage numérique et augmenter cette fracture
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• Création
agglomération du Grand Verdun (transport urbain, développement économique …)
• PER
et Interreg sur Montmédy
• Nouvelles
programmations européennes, dont Leader, en phase avec ce nouveau projet de
territoire
• Travailler
sur la planification de l’espace notamment avec des documents d’urbanisme
adaptés (SCOT & PLUI)
• Transformation
du Pays en PETR
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• Eparpillement
des initiatives
• Modification
des compétences liées à la loi NOTRE
• Ne
pas se doter de moyens pour mettre en places les actions prioritaires
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